Qui a oublié ce dîner de gala, il y a déjà vingt-neuf ans ? Celui au cours duquel un jeune capitaine ambitieux, alors à la tête d’un des pays les plus pauvres d’Afrique, avait commis «l’affront» de rappeler à son invité, le président français, les ambiguïtés de la patrie des droits de l’homme en terre africaine ? En France, on a peut-être oublié cette joute verbale entre Thomas Sankara et François Mitterrand. Mais au Burkina Faso, tout le monde a encore en mémoire cet échange un peu vif qui, selon certains, aurait peut-être signé l’arrêt de mort du héros du pays, Sankara, assassiné un an plus tard. Ce mardi, de vieux souvenirs sont conviés à remonter à la surface alors qu’Emmanuel Macron est le premier chef d’Etat français depuis Mitterrand à se rendre au Burkina Faso. Le choix du président français, qui se rendra aussi en Côte-d’Ivoire et au Ghana, ne doit rien au hasard. Sur un continent où tant d’inamovibles présidents s’accrochent encore au pouvoir, le Burkina Faso, qui, lors d’une insurrection populaire en 2014, a chassé son propre dictateur, offre le terrain idéal pour prononcer un discours sur l’avenir de l’Afrique et, fatalement, sur les relations, encore soupçonnées d’ambiguïtés, qui lient la France à ses ex-colonies.
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