
Le mouvement des militaires réclamant bruyamment, avec leurs armes, le paiement de leurs primes ECOMOG et l’amélioration de leurs conditions de vie et de travail est loin d’être un simple feu de paille. La gravité de la situation est illustrée par l’absence du président Alassane Ouattara au Sommet Afrique-France de Bamako, des 13 et 14 janvier dernier, ce qui est une grande première pour un chef de l’Etat ivoirien. Une semaine auparavant, le 7 janvier, le président ivoirien avait été contraint de faire un rapide simple aller-retour à Accra, pour l’investiture de son nouveau collègue ghanéen, Nana Akufo-Addo. Dix jours après l’accord avec les mutins, plusieurs chancelleries diplomatiques conseillent une plus grande prudence à leurs ressortissants
Une armée divisée et pléthorique
Ebranlé par les mouvements d’humeur musclés de ces militaires de Bouaké puis de quelques camps d’Abidjan et de plusieurs villes de garnison, le président Ouattara a réagi promptement en « prenant en compte » les revendications des mutins, dont la plupart l’avaient soutenu, au sein des Forces nouvelles, dans son bras de fer contre Laurent Gbagbo. Ces promesses présidentielles bénéficient surtout à quelques 8 000 militaires sur des effectifs globaux de l’Armée estimés à un peu plus de 41 000 militaires dont 19 000 gendarmes. Le simple changement de nom, en novembre 2016, de Forces Républicaines de Côte-d’Ivoire en Forces Armées de Côte-d’Ivoire est cosmétique, il n’aucune signification fonctionnelle.
Les antagonismes nés de la guerre civile sont toujours présents et les actes de réconciliation des actuelles autorités politiques et des militaires de haut rang ont été trop rares envers les militaires de l’ancien régime. De même, le clivage entre les officiers et sous-officiers, en nombre pléthorique, et les militaires de base est également source de profondes divisions. De surcroît, le dernier limogeage du général Soumaïla Bakayoko, ex-chef d’état-major des armées, n’a pas fait que des heureux chez les officiers.
Un pouvoir affaibli et confronté à de vives luttes internes
Ayant espéré redonner un nouveau souffle à sa présidence, en proposant une nouvelle constitution, Alassane Ouattara n’a récolté qu’une faible adhésion populaire avec seulement 44 % de votants au referendum. La création d’un poste de vice-président n’est certes pas la principale préoccupation des Ivoiriens. En revanche, elle peut accroître les rivalités au sein du pouvoir actuel, d’autant qu’Alassane Ouattara compte terminer sa carrière politique en 2020. De même, les récentes nominations de Daniel Kablan Duncan et de Amadou Gon Coulibaly, respectivement aux postes de vice-président et de Premier ministre, peuvent apparaître comme un signe de fermeture et elles avivent les espoirs déçus de ceux qui se voient en dauphins potentiels du président comme Guillaume Soro, réélu président de l’assemblée nationale, mais relégué au quatrième rang dans l’ordre protocolaire.
Les rivalités entre personnalités politiques sont de plus en plus vives, surtout avec la dégradation de la situation. En dépit de ses réseaux, Hamed Bakayoko, le puissant ministre d’Etat, ministre de l’Intérieur et de la Sécurité, ne semble plus être à la hauteur des foyers de révolte qui éclatent dans le pays. Même les territoires frontaliers avec la Guinée connaissent une insécurité grandissante.
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Une armée divisée et pléthorique
Ebranlé par les mouvements d’humeur musclés de ces militaires de Bouaké puis de quelques camps d’Abidjan et de plusieurs villes de garnison, le président Ouattara a réagi promptement en « prenant en compte » les revendications des mutins, dont la plupart l’avaient soutenu, au sein des Forces nouvelles, dans son bras de fer contre Laurent Gbagbo. Ces promesses présidentielles bénéficient surtout à quelques 8 000 militaires sur des effectifs globaux de l’Armée estimés à un peu plus de 41 000 militaires dont 19 000 gendarmes. Le simple changement de nom, en novembre 2016, de Forces Républicaines de Côte-d’Ivoire en Forces Armées de Côte-d’Ivoire est cosmétique, il n’aucune signification fonctionnelle.
Les antagonismes nés de la guerre civile sont toujours présents et les actes de réconciliation des actuelles autorités politiques et des militaires de haut rang ont été trop rares envers les militaires de l’ancien régime. De même, le clivage entre les officiers et sous-officiers, en nombre pléthorique, et les militaires de base est également source de profondes divisions. De surcroît, le dernier limogeage du général Soumaïla Bakayoko, ex-chef d’état-major des armées, n’a pas fait que des heureux chez les officiers.
Un pouvoir affaibli et confronté à de vives luttes internes
Ayant espéré redonner un nouveau souffle à sa présidence, en proposant une nouvelle constitution, Alassane Ouattara n’a récolté qu’une faible adhésion populaire avec seulement 44 % de votants au referendum. La création d’un poste de vice-président n’est certes pas la principale préoccupation des Ivoiriens. En revanche, elle peut accroître les rivalités au sein du pouvoir actuel, d’autant qu’Alassane Ouattara compte terminer sa carrière politique en 2020. De même, les récentes nominations de Daniel Kablan Duncan et de Amadou Gon Coulibaly, respectivement aux postes de vice-président et de Premier ministre, peuvent apparaître comme un signe de fermeture et elles avivent les espoirs déçus de ceux qui se voient en dauphins potentiels du président comme Guillaume Soro, réélu président de l’assemblée nationale, mais relégué au quatrième rang dans l’ordre protocolaire.
Les rivalités entre personnalités politiques sont de plus en plus vives, surtout avec la dégradation de la situation. En dépit de ses réseaux, Hamed Bakayoko, le puissant ministre d’Etat, ministre de l’Intérieur et de la Sécurité, ne semble plus être à la hauteur des foyers de révolte qui éclatent dans le pays. Même les territoires frontaliers avec la Guinée connaissent une insécurité grandissante.
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